BRICQUEBEC (50)
culture
médiathèque
maison des services
office de tourisme
salle polyvalente
relais assistance maternelle
antenne sociale
CONSTRUCTION NEUVE
LIVRAISON 2024
UNE MÉDIATHÈQUE COMMUNALE ET UNE MAISON DES SERVICES PUBLICS
jour de ma première visite, à bricquebec.
J’arpente la rue de la République : se succèdent commerces et institutions diverses avec la mairie, et je m’oriente naturellement vers les hauteurs du château dont l’imposant donjon surplombe le paysage. On y accède par un grand porche, après avoir dépassé la statue de Jean Le Marois, général de Napoléon, natif de la ville, qui a dirigé les troupes de Normandie lors de la défaite de Waterloo. Le lieu de rendez-vous se trouve de l’autre côté des remparts. Un parking immense, qui accueille le samedi un grand marché, jouxte notre site de l’autre côté du carrefour. Là une supérette à l’abandon attend sa démolition. Il apparaît clairement que ce lieu mérite une transformation radicale. Mon regard se perd et sonde les reliefs alentour…
UN MOUVEMENT ASCENSIONNEL
Mon attention est retenue par l’église qui se dresse plus haut sur la colline, derrière la supérette. Je regrette qu’elle soit décentrée par rapport au château, rendant son accès malaisé par une chicane depuis la place du marché. L’axe structurant des institutions, anciennes ou modernes – mairie, château, église – aurait pu connaître un tracé harmonieux et cohérent. Les questions suivantes se posent alors : ce nouveau projet peut-il participer à l’aménagement d’un meilleur accès piéton vers l’église et les parties hautes de la ville depuis la place du marché ? Au-delà de sa fonctionnalité propre, peut-il améliorer une circulation urbaine plus générale, qui fait ici cruellement défaut ? Le mouvement ascensionnel opéré depuis le café vers le site est quasiment rectiligne. Il articule des centres de pouvoir et de gouvernance, tous symboles d’élévation : le maire est élu, le général promu, le seigneur intronisé, le Christ… rappelé aux cieux. À sa manière, une médiathèque contribue, elle aussi, à une forme d’élévation et de grandeur, mais par la connaissance, le plaisir, le savoir et l’ouverture sur le monde. Dans le même temps, le programme révèle par son groupement fonctionnel la possibilité d’une cohésion sociale plus forte : la médiathèque bien entendu, mais aussi la salle d’animation, les permanences sociales, le relais assistance maternelle, l’accueil du public.
Au cœur du site, l’intuition d’un bâtiment en degrés se précise. Un escalier monumental sculpté en négatif dans le volume permettra d’arriver au pied de l’église et de rejoindre les quartiers hauts. Il sera revêtu de pierre, et protégé d’un garde-corps en laiton lui conférant noblesse et élégance. Sous ce dernier viendra se nicher une alcôve pour les plus jeunes, idéale pour la lecture de contes et d’histoires. Des meurtrières horizontales vers la rue du 11 Novembre feront vibrer une lumière teintée de couleur. De chaque côté, de larges baies vitrées en hauteur accompagneront l’ascension des escaliers extérieurs et viendront inonder d’une lumière zénithale le grand volume.
UN AGENCEMENT FRAGMENTÉ EN VOLUMES AUX NIVEAUX ADÉQUATS
Cette approche sensible nous guide vers une organisation fragmentée en plusieurs volumes et hauteurs appropriés, de façon à prolonger et matérialiser cette idée d’ascension progressive. La lecture antérieure d’un guide sur le Cotentin – qui rappelle le groupement traditionnel des bâtisses autour d’une cour – trouve un écho dans cette orientation et consolide cette volonté de travailler les volumes en différents niveaux de masses.
« Dans ce pays où le vent souffle et où les embruns marins viennent lécher les façades, les maisons se serrent les unes contre les autres formant des ensembles bien abrités. Autour de la cour rectangulaire, les bâtiments dispersés se font face… Les solides maisons de grès, schiste ou granit se regroupent, parfois blotties dans un pli du terrain, les robustes toitures sont recouvertes de lourdes dalles de schiste opposant une farouche résistance au vent ».
Extrait d’un guide sur le Cotentin
Connue pour ses bocages, la région recèle des masses rocheuses abruptes de schiste, de grès ou de granit, extraites, taillées et assemblées depuis des générations afin de se protéger des éléments. La composition de notre projet s’inspirera donc de cette juxtaposition de blocs rocheux organisés en cours, venelles, failles ou escaliers. Ici comme ailleurs nous ferons appel à de l’agrégat extrait localement pour entrer dans l’élaboration d’un béton architectonique révélateur et respectueux de cette longue histoire architecturale.
Notre travail consistera à procéder par soustraction méthodique de matière pour faire place à un parvis d’accueil, une cour intérieure, des sentes distributives, un escalier monumental. Le parvis en pierre permettra la distribution des publics. Il fera face au carrefour et se prolongera par une large baie vitrée donnant sur le hall d’accueil où se répartira l’ensemble des activités. Ce cadre de verre révèlera l’intérieur de la médiathèque et les mouvements des visiteurs. Des venelles distributives, pour accéder aux locaux techniques ou s’en échapper (issues de secours), sculptera les volumes et orientera le regard. Nous trouverons des toitures plates solides en dalles de béton identiques aux façades, à des hauteurs variées ; certaines plus hautes pour cacher des voisins encombrants, d’autres plus basses pour envelopper aux bonnes dimensions les activités. Au pied de l’église, une toiture se transformera en bassin d’eau pour refléter le ciel…
AUTOUR D’UNE COUR INTÉRIEURE, PIVOT DE TOUS LES POSSIBLES
L’accès se fera de plain-pied par de larges baies vitrées coulissantes. Dans ce projet, la lumière et les perceptions visuelles jouent un rôle prépondérant. Le hall largement vitré, positionné à l’intersection de deux volumes, permettra une parfaite lisibilité des flux nécessaires pour contrôler les entrées et sorties des usagers. Cette transparence offre à voir la vie intérieure pour attirer davantage à l’exercice des lieux, tout en exposant la beauté du paysage extérieur, avec le donjon et l’église sous un ciel ici en constante métamorphose. Le hall rassemblera les fonctions d’accueil, d’orientation des publics, de point d’information touristique, de boutique et de point presse. Un mobilier polyvalent doit être mis en place en harmonie avec l’architecture développée.
L’organisation intérieure s’articulera en premier lieu autour d’une cour intérieure afin de distribuer regards et mouvements. Cette dernière répartira la lumière naturelle vers les espaces majeurs tels que le hall, la médiathèque, le Relais Assistance Maternelle, les bureaux de l’administration. Elle les protègera des nuisances pour garantir confidentialité ou sécurité, accueillir les jeux des enfants ou encore améliorer la concentration ou la méditation des lecteurs grâce à la présence d’une nature miniaturisée. Les espaces de la médiathèque ont été positionnés sur l’espace public le long de la rue du 11 Novembre. Largement ouverts sur la cour intérieure et sur le hall, ils offriront la sérénité et le calme nécessaires pour s’élever et apprendre en toute quiétude.
« Cette approche sensible nous guide vers une organisation fragmentée en plusieurs volumes et hauteurs appropriés, de façon à matérialiser cette idée d’ascension progressive. »
Ce projet de médiathèque et de maison des services publics participera, grâce à sa configuration, son implantation et son organisation interne, à l’édification d’une société en éveil, attentive, cherchant par l’exercice des échanges et de la raison à acquérir encore plus de liberté. Un équipement public symbolise et représente toujours ce « lieu-lien », qui crée puis prolonge les dialogues, les rencontres, et de ce fait contribue à plus de tolérance et de fraternité.
« Notre travail consistera à procéder par soustraction méthodique de matière pour faire place à un parvis d’accueil, une cour intérieure, des sentes distributives, un escalier monumental. »
Lieu
bricquebec (50)
Maître d’ouvrage
cherbourg en cotentin
Financeurs
région normandie, cherbourg en cotentin, commune de bricquebec, Etat, La Communauté Européenne
Exploitant
la ville et l’agglomération
Architecte
FARIDAZIB
Chef de projet
emanuele romani
Assistants
yvanie wilhem, francesco andreozzi
Économie
vanguard
Structure
alpha
Fluides, SSI
artelia
acoustique
grandmougin
images
claudio pantano et Tijani Loussaeif
Surface
1200 m²
Coût
3.75 M²
Concours
lauréat 2017
livraison
2023